L'enfer au collège

Arthur Ténor

AUTEUR : L’écrivain jeunesse Arthur Ténor est né et vit dans l’Allier, près de Vichy. C’est un adulte qui a su garder un cœur d'enfant. La preuve : il adore les contes de fées, les épopées fantastiques, les voyages imaginaires et bien sûr les histoires drôles.

Sa passion de l'écriture est semblable à celle d'un aventurier sans cesse en quête de contrées inconnues, de rencontres inoubliables, de péripéties palpitantes. C'est pourquoi, quand on lui demande quel est son métier, il répond « explorateur de l'imaginaire ».

Parmi les quatre-vingts romans qu'il a publiés, on trouve : la série des Pages du Roy-Soleil et celle de l'Elfe au dragon (Seuil Jeunesse), celle des Voyages extraordinaires (Plon Jeunesse), Il s'appelait... le soldat inconnu et Guerre secrète à Versailles (Gallimard Jeunesse), Les messagères des abysses (Grasset Jeunesse) ou encore A mort l'innocent (Oskar Jeunesse).

LE LIVRE: Je classe ce roman dans la catégorie AUTRES, à partir de 9 ans.

RESUME A onze ans, Gaspard, à l’inverse de beaucoup de ses camarades, n’est pas un adepte des jeux vidéo. Ce qu’il aime, c’est collectionner les coquillages et observer les étoiles. Sa rentrée au collège approche et la mère de Gaspard l’abreuve des recommandations les plus anxiogènes, pourtant Gaspard parvient à rester serein. Après tout, le collège est un lieu où l’on se fait des amis, où l’on engrange des connaissances, et où l’on s’épanouit.

Un ami d’ailleurs, il pense s’en être fait un dès le premier jour. Anthony ne semble pas vraiment avoir les qualités requises, se dit Gaspard, mais après tout, c’est toujours mieux que rien. Seulement, le jeune Anthony n’est pas animé d’intentions très louables. Dès le début, Anthony a repéré Gaspard et a décidé d’en faire son souffre-douleur. Il n’aime pas son air de binoclard premier de la classe. Commence alors un harcèlement de chaque instant : de remarques méchantes en blagues humiliantes, la plaisanterie des premiers jours devient une farce cruelle à laquelle les autres élèves assistent sans réagir.

A qui parler ? A qui se confier ? Gaspard ne veut ni passer pour un faible ni pour un rapporteur, et les adultes à qui il essaie de s’adresser ne semblent s’apercevoir de rien. Les tourments que lui fait subir Anthony font naître en lui une haine destructrice. Gaspard décide alors de faire comprendre à son tortionnaire que la plaisanterie a assez duré. Malheureusement la haine que Gaspard nourrit envers Anthony devient bientôt une haine de lui-même et de la vie en général.

J'ai aimé ce livre : J’avais déjà lu des ouvrages sur le harcèlement à l’école ( Le jeu de la vérité d’Annika Thor ou Qui veut épouser Max de Mame Farell) qui retracent la souffrance de ces enfants dont on se moque impunément. Cependant ces romans restaient légers et ne montraient pas toutes les conséquences que peuvent avoir de tels comportements. L’enfer au collège est un petit livre qui se lit assez rapidement, mais d’une grande puissance émotionnelle. Au fil des pages on voit un petit garçon curieux, aimant, pacifiste, devenir un enfant anxieux, renfermé sur lui-même et haineux, uniquement pour le plaisir sadique d’un autre collégien. On dit souvent que les enfants sont cruels entre eux, mais bien souvent on ne mesure pas l’impact que des situations de harcèlement peuvent avoir sur la personnalité et la vie des personnes qui en sont victimes, quand bien même ils ne seraient qu’au collège.

Ce que j’ai apprécié dans ce roman écrit sans fausse pudeur et avec beaucoup de justesse, c’est que cette histoire est mise en relation avec un événement qui n’est, malheureusement, pas fictif. Le roman se termine sur le témoignage poignant d’une mère qui s’est rendu compte presque trop tard des souffrances que son fils endurait. C’est un excellent livre à mettre entre toutes les petites mains des collégiens, et même de leurs aînés, afin qu’ils comprennent que certaines blagues ne sont pas drôles pour tout le monde, et qu’il est important de ne pas se taire lorsqu’on en est la victime.